Kadogo Ingrid Chabbert Joël Alessandra
Je sais que la littérature jeunesse couvre bien des sujets mais jamais je n'ai lu un tel album.
Le sujet, très grave, n'a rien de joyeux mais est sublimé, voici l'histoire d'un enfant soldat.
Kadogo raconte la vie d'un enfant africain qui fête ses 11 ans.
Gabriel a des petits frères, une tante aimante.
Gabriel aime jouer au foot dans son village.
Gabriel a un oncle, figure paternelle en qui il a toute confiance.
Mais à 11 ans, dans son pays africain, on devient un homme.
Gabriel est à prime abord heureux de recevoir une kalachnikov, c'est selon lui un bel objet.
Ce que Gabriel ne sait pas encore c'est que sa vie d'enfant s'arrêtera très vite.
Enrôlé par un groupe armé il devient enfant soldat, il rejoint d'autres "hommes " âgés aussi de 11 ans.
Il ne maitrise rien mais devient soldat.
Il ne comprend pas comment son cadeau devient une arme qu'il doit utiliser s'il veut sauver sa propre famille.
L'enjeu était considérable: Publier un album qui respecte les codes
la littérature jeunesse sur un sujet dur, à destination d'enfants.
Je
suis actuellement un MOOC consacré à la littérature jeunesse, j'ai
appris que la loi de 1949 réglemente l'édition jeunesse en France:
«
Les publications visées à l’article 1 ne doivent comporter aucune
illustration, aucun récit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune
insertion présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge,
le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche, ou tous actes
qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la
jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques. Elles ne
doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de
nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse. » .
Vous vous demandez donc comment un album peut-il avoir été validé en commission?
Parce que ce livre n'est pas une apologie de la violence mais une ode aux droits des enfants, permettre à tous de vivre en liberté sans menaces ni armes. C'est peut-être le cas en France mais pas dans certains pays africains ou asiatiques. Comment peut-on demander à des enfants de tuer?
Les illustrations, telles des peintures, subliment le texte. Les lecteurs ne sont pas épargnés en émotions. Les traits de Joël Alessandro sont tour à tour noir et blanc tels des croquis saisis sur le vif ou alors une explosion de couleurs comme on peut les admirer sur des tableaux.
À la fin de l'album Amnesty International rappelle qu'environ 250 000 enfants sont engagés dans des conflits armés, en tant que maman je me demande comment c'est possible.
J'ai lu ce bel album à mon fils, collé-serré, il n'a pas eu peur, il m'a dit "Mais à 11 ans ce n'est pas un homme!", et oui comme l'indique le titre de l'album "Kadogo" signifie encore petit.
Cet album nous a permis d'avoir un moment d'échanges, de partages privilégiés et d'apprécier la chance que nous avons d'être en France. Mon fils s'est demandé où étaient ses parents. En effet ces derniers sont totalement absents: Dans l'album l'oncle fait figure de père, et la chaleur de sa tante remplace la protection maternelle. Je n'ai su lui répondre, nous en avons conclu qu'ils avaient probablement été tués dans un conflit.
Un album engagé, magnifiquement traité qui rappelle l'engagement d'Amnesty International dans le monde. Bravo aux éditions des Ronds dans l'O d'avoir publié un titre de si grande qualité.
Pour découvrir d'autres extraits c'est ici
Kadogo
Ingrid Chabbert
illusté par Joël Alessandra
éditions des Ronds dans l'O
34 pages
13.50€
à suivre sur Facebook
sp merci
Un sujet bien difficile qui m'a l'air très bien traité <3
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