Plus tard je serai moi [littérature adolescente]

L'adolescence est souvent la période où les jeunes nourrissent des rêves un peu fous, parfois décalés, éloignés des belles carrières que souhaitent leurs parents.

Et bien là c'est l'inverse, les parents de Séléna désirent qu'elle devienne artiste même si elle-même ne sait pas encore ce qu'elle veut faire plus tard. 

Séléna ne ressemble pas aux collégiennes d'aujourd'hui. Différente, discrète, souvent mal à l'aise elle aime fréquenter le club de cerfs-volants. Ce dernier comprend trois membres, elle et sa meilleure amie en fauteuil roulant Vérane. M BLIMP, le principal en est le troisième, il est même le président.

Séléna aime beaucoup le principal de son collège. D'ailleurs les deux amies sont persuadées que ce dernier est musicien, qu'il joue de la guitare dans un groupe de rock.

Sa mère est professeur de russe et son père dessine des processeurs. Ils trouvent les profs "tristes" et pensent que l'éducation nationale ne va pas permettre à Séléna de réveiller l'artiste qui sommeille en elle.

Ils se sentent investis, en tant que parents, de cette mission. Leur fille ne sera pas médecin mais artiste. Et c'est à eux qu'incombe la responsabilité de réveiller l'art, le don que possède Séléna.

Chaque jour va alors révéler son lot de surprises à la jeune fille.

Ils ont  commencé par lui acheter de l'aquarelle, puis un dictionnaire des synonymes accompagné d'un beau stylo plume,  un appareil photo, une caméra, 15 kilos d'argile avec des outils pour sculpter, et enfin un piano et des cours avec Mme PEKAR.

Séléna voyant ses parents dépenser des fortunes leur annonce qu'elle souhaite devenir astrophysicienne (elle a piqué le futur métier de son amie Vérane). Ces derniers sont dépités, leur fille, scientifique, ah non!

Ils réfléchissent à ce qu'il manque à Séléna pour se révéler artiste et en concluent qu'elle a été trop bien élevée, trop lisse, trop polie. Les artistes sont torturés et ont eu une enfance difficile. 

Commence alors un passage très drôle du livre où les parents se livrent à une surenchère du malheur: le frigo se vide, ils coupent le chauffage....

Séléna pourra-t-elle arrêter ses parents? Sera-t-elle entendue? 

Elle, qui n'aspire qu'à devenir ce qu'elle est plus tard.

Martin PAGE livre ici une fable moderne où les rapports parents-enfants en sont le coeur. L'originalité prime à chaque page, ses parents souhaitent que leur fille choisissent un chemin fait de passions, de création et non pas une vie raisonnable avec un emploi, des préoccupations plus cartésiennes.

J'ai aimé le regard que porte Séléna sur ses parents, elle les aime tendrement, les connait, les a vu évoluer dans le temps, passer leur crise de la quarantaine, période durant laquelle ils se sont ouverts à la culture.

Un roman sur l'avenir, les projections conscientes et inconscientes des parents sur leurs enfants, la pression parentale. J'ai réalisé qu'un collégien se retrouve rapidement coincé, étouffé au milieu des difficultés, les siennes, celles liées au collège, à l'amitié, et les difficultés familliales, les désirs des parents prenant le dessus sur la réalité, ne prenant pas toujours en considération les envies des enfants.

Ce roman pour ados m'a beaucoup plu, je le relirai dans quelques années lorsque nous serons amenés à écarter nos ambitions concernant notre petit pour le laisser grandir en fonctions de  ses choix, ses envies.

Plus tard je serai moi

Martin PAGE

Éditeur(s) Rouergue

80 pages

8.70€

ISBN: 978-2-8126-0491-1

Merci aux Éditions du