La fête au bouc [Roman]
Suite à mon billet
présentant le livre Les trois sœurs et le dictateur, une lectrice, Olive O Saumon, m’a parlé
de ce roman traitant du même sujet : le régime de Trujillo en République
Dominicaine et ses atrocités.
De plus
cela faisait longtemps que je voulais lire Mario Vargas LLosa, grand écrivain
péruvien qui a reçu le Prix Nobel de la littérature en 2010.
Ce livre est déroutant.
Au départ j’ai eu quelques difficultés à me repérer.
Tout commence avec
Urania, 49 ans, avocate exerçant à New York, qui revient en vacances une semaine
à Saint Domingue. Elle n’a pas remis les pieds sur l’île depuis 35ans. Elle a
tout quitté à 14 ans pour faire ses études aux États Unis. Elle revient au
chevet de son père, mourant, alité. Ce dernier était un proche
conseiller-ministre du chef Trujillo avant d’être mis sur la touche. Il a voué
sa vie à plaire au Chef.
Urania est une femme
active, secrète, froide, très froide, qui ne laisse aucun homme entrer dans sa
vie. Célibataire elle travaille sans relâche, c’est sa première semaine de
vacances depuis toutes ces années. Elle redécouvre St Domingue 35 ans après,
ses rues, sa chaleur, son ancienne maison… Elle replonge dans son passé, non
sans angoisses et terreurs.
Sa cousine qui était
sans nouvelles depuis toujours ne sait que penser, Urania finira par se confier
à elle et à sa tante.
On assiste au fur et à
mesure des chapitres qui lui sont consacrés à une plongée dans la vie, le cœur de
cette femme meurtrie. Ces chapitres représentent la partie la plus romancée de
ce livre, j’étais dans l’attente des révélations, Mario VARGAS LLOSA dépeint
ses sentiments à la perfection, c’est extrêmement bien écrit, il rend Urania
bouleversante.
En alternance avec elle,
des chapitres présentent Tujillo. On le suit. De son rituel au réveil au petit
matin au coucher avec des femmes différentes rien n’est laissé de côté. L’auteur
a fait un important travail de recherches dans les archives du pays pour livrer
un roman aussi documenté, aussi riche en références historiques. On croise tous
ces conseillers de l’époque, il est parfois complexe de suivre, ignorant
totalement l’existence de ces protagonistes avant la lecture de ce roman. Trujillo
est dépeint comme il était : un être immonde fait de haine, sans cœur et extrêmement
violent. Incontinent, souffrant de la prostate il devient de plus en plus
aigri au fil des chapitres qui lui sont
consacrés. On apprend comment il a géré le pays, de la prise de pouvoir de
toutes les entreprises du pays, des milices assurant le massacre de ses
détracteurs. Il vouait une haine féroce aux Haïtiens, il est responsable de la mort de
milliers d’entre eux. On apprend aussi à quel point certains membres de l’Eglise
l’insupportaient. Il avait un contrôle sur tout et tout le monde. Déçu par sa descendance
officielle il profitait des femmes de tous. Il les aimait rondes, jeunes. Il n’avait
aucune limite, il passait des soirées avec des mineurs aidé par ses
conseillers.
Ces chapitres
demandaient beaucoup de concentration pour ne pas se perdre entre les
différents hommes de l’époque. Trujillo était un dictateur, tyran, sans âme qui
détestait aussi les Etats Unis et ne tolérait aucun contre pouvoir, mouvement dissident
sur son île. Ces chapitres sont très informatifs sur une période de l’histoire
que je ne connaissais absolument pas.
Trujillo est mort assassiné
en 1961. En alternance avec Trujillo et Urania on suit les membres
anti-trujillistes responsables de son attentat. Ces chapitres retracent le
cheminement de ces hommes, comment ils ont organisé ce meurtre, 7 hommes dans
deux voitures. Certains étaient des proches de Trujillo, tous déçus par ce
dernier qui avait fait enfermer un frère, interdire un mariage… Une route, la
nuit, à la sortie de la ville de Ciudad Trujillo il fut cruellement assassiné. A
travers les différents chapitres qui sont consacrés aux organisateurs de l’attentat
on apprend à les connaître, on découvre leur motivation, leur leit motive, ces
hommes sont tous déterminés à changer les choses, au péril de leur vie.
Chaque détail est
soigné, on croise des centaines de personnages, nous sommes immergés dans la
tête, la vie, la mégalomanie de Trujillo. Mario VARGAS LLOSA présente dans ce
roman un régime fait de barbarie et de tortures, on ne peut que regretter que
tous les faits relatés ne tiennent pas de la fiction mais relèvent d’un passé
relativement récent. Un roman historique, difficile à lire mais qui reste exceptionnel par le travail d'investigation mis en œuvre. Les qualités d'écriture de Mario VARGAS LLOSA rendent ce roman prenant.
La fête au bouc
Mario VARGAS LLOSA
Folio
Vargas Llosa est un écrivain que j'aime beaucoup et pourtant je ne connaissais pas ce titre ! Je note le titre, d'après la description que tu en fais , cela devrait me plaire !
RépondreSupprimerJe veux bien d'autres titres "validés" par tes soins s'il te plaît!
Supprimer