À peine j'ouvre les yeux [cinéma]
Je ne vais pas au cinéma aussi souvent que je le souhaite, alors quand j'arrive à trouver du temps dans le planning familial je sélectionne avec soin LE film que j'ai envie de voir.
J'ai profité d'une soirée spéciale proposée par un cinéma art et essai pour aller voir À peine j'ouvre les yeux suivi d'une rencontre avec la productrice.
Synopsis (allociné)
Tunis, été
2010, quelques mois avant la Révolution, Farah 18 ans passe son bac et
sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de
la même manière.
Elle chante au sein d¹un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet, sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.
Elle chante au sein d¹un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet, sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.
Leyla BOUZID présente ici son premier long métrage. Tunisienne, elle est arrivée en France après son bac afin d'intégrer la Fémis section réalisation. Elle a attiré l'attention d'une productrice avec son court-métrage de fin d'études. Au moment où elle lui a proposé son scénario le film s'intitulait "Dieu protège ma fille". Le nom a été ensuite changé car la religion n'est absolument pas présente dans le film.
Leyla a choisi de montrer la jeunesse à TUNIS, six mois avant le début de la révolution de jasmin. Son film est un concentré d'émotions avec des thématiques qui se détachent au fil des images.
La musique
Leyla a donné une voix à cette jeunesse brimée et apeurée mais vivante et pleine d'espoir. Dans le film Farah rejoint un groupe de rock engagé qui peine à pouvoir répéter ou bien jouer en concert du fait de chansons très engagées dénonçant la censure et les conditions vie des tunisiens.
La musique est omniprésente dans les deux premières parties du film, toutes les prises son ont été réalisées en live, les comédiens, pour qui il s'agit aussi de première fois au cinéma, sont tous musiciens. Après on aime ou pas le rock tunisien, pour ma part j'ai pris beaucoup de plaisir, même si je ne comprends pas l'arabe (le film est sous-titré en français, même les paroles) à écouter la belle voix de Farah accompagnée par le luth de Borhène, son petit ami. Le live, la musique apportent beaucoup d'énergie au film.
La mère
Elle apparait très dure au départ, très inquiète pour sa fille, leur relation est conflictuelle, Farah sort des nuits entières, sa maman veille son retour. Farah veut faire musicologie, sa mère l'inscrit en médecine. Mais le film va progressivement nous éclairer sur le passé de cette très belle femme qui retrouve en sa fille une passion qu'elle a dû étouffer au fil des années.
Dans la troisième partie du film, beaucoup plus triste, beaucoup plus sombre, moins rythmée, plus lente, j'ai vu une maman dévouée corps et âme à accompagner sa fille, à l'aider dans sa reconstruction, sa renaissance. J'ai trouvé la relation mère-fille aboutie, très réaliste. Les comédiennes interprètent à merveille leurs rôles, toutes deux très belles, pleines de charme, déterminées. Elles interprètent des femmes fortes, au caractère bien trempé, indépendantes, le papa est absent la semaine pour le travail, Farah et sa maman essaient de vivre ensemble au gré des mots et des maux échangés.
L'engagement
Si
elle avait choisi de filmer la révolution arabe Leyla BOUZID aurait pris le
risque que son film devienne rapidement obsolète du fait de la mouvance
continue et actuelle des faits en Tunisie. Et après avoir échangé avec
la productrice, même si je me réjouis que ce film ait reçu l'accord
tunisien, je me demande dans quelle mesure Farah ou toute gamine de
17-18 ans a le droit de chanter aujourd'hui...
Un
film qui montre qu'une jeunesse brimée conduit à un état condamné. Ce
film donne une autre image du monde Arabe, point de terrorisme,
d'extrémisme mais une jeunesse colorée, vivante, artiste, pleine de
talent qui veut vivre, s'amuser et chanter.
Un film qui se positionne avant la Révolution mais qui est toujours d'actualité, notamment par la non-abrogation de la Loi 52 qui permet en Tunisie d'emprisonner durant un an ferme toute personne ayant consommé du cannabis. Cette loi est utilisée par les autorités pour faire taire les artistes ou toute personne engagée dont les propos ne sont pas en accord avec la politique tunisienne. Leyla BOUZID a montré comment vivait la jeunesse sous l'ère Ben ALi, la censure, la terreur, les mouvements de révolte des ouvriers exploités et appauvris.
Un film immersif qui nous emmène dans les bars réservés aux hommes où même à travers l'écran on ne se sent pas à l'aise,
Un film engagé qui montre non pas une femme nue mais un homme nu, pour une fois la réalisatrice voulait que des femmes regardent un homme, l'image est brève mais présente.
Ce film est moderne, par la musique choisie, par la mise en scène, il offre un souffle d'air dans le cinéma tunisien. Je suis ravie de savoir qu'il est projeté en Tunisie dans les grandes villes et en campagne.
Un film écrit et réalisé par une femme, jeune, tunisienne vivant en France, engagée et vivante, qui j'espère rencontrera tout le succès qu'il mérite.
À peine j'ouvre les yeux
France, Tunisie, Belgique
Réalisateur : Leyla Bouzid
Scénario : Leyla Bouzid, Marie-Sophie Chambon
Acteurs : Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari
Distribution : Shellac
Réalisateur : Leyla Bouzid
Scénario : Leyla Bouzid, Marie-Sophie Chambon
Acteurs : Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari
Distribution : Shellac
1h42
Pas eu le temps de le voir, il était mal distribué... rattrapage en vod...
RépondreSupprimerJe l'ai vu vendredi soir en banlieue... tu me diras ce que tu en as pensé, bises
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